Existe-t-il un modèle d’école pour aujourd’hui et pour demain ?Investissons en notre jeunesse.

Pourquoipar Bachir Hakem*

Tout le monde aujourd’hui, même sans en être un acteur sur le terrain ou responsable parle de l’éducation et donne des solutions aux problèmes du système éducatif en Algérie. Au moment où les postes d’enseignants sont supprimés par milliers, que les travaux des éducateurs sont officiellement méprisés, quelle place entend-on donner à l’Ecole dans notre société ?
L’éducation a toujours subit et cela à travers le temps et les ministres des changements même lorsqu’elle était en réussite. Le pédagogue et l’inspecteur, tous de fins connaisseurs du système éducatif, y évoquent le mal de l’Ecole actuelle, ses erreurs mais aussi son avenir.
Notre société est le reflet du système éducatif et c’est pour cela que tous les politiciens l’accusent d’être la première cause de nos maux.
Mais personne, qu’il soit président ou ministres ou politiciens n’a proposé ni exécuté son propre programme politique éducatif propre à notre société tel que le font les grands présidents ou ministres ou politiciens. Nous avons de tout temps appliqué et importé les programmes des autres pays développés et à partir des années 2000 nous avons appliqué le programme de la mondialisation dicté par les multinationales qui nous ont obligé aujourd’hui à importer des ouvriers qualifiés qui par le passé étaient formés dans les lycées techniques qu’on a démantelé pour continuer à dépendre encore plus des multinationales La dépendance de l’Algérie ne s’est pas limitée aujourd’hui aux produits alimentaires ou de matières premières ,mais celle-ci a augmenté pour concerner les ouvriers qualifiés dont tout pays a besoin pour son développement.
Donc aujourd’hui nous continuons à assister à l’exode des meilleurs cadres algériens vers l’étranger et nous importons en devise les matières premières qu’on produisait et qu’on peut produire ici, des ouvriers qualifiés qu’on formait ici et on a laissé partir nos meilleurs cadres qui font le bonheur des pays développés car on ne veut pas investir en l’homme qui est notre première richesse vu la jeunesse de notre population. C’est l’homme le créateur de la richesse pour notre pays et non le pétrole.
Si nous voulons sortir de notre sous-développement et de notre crise et de la crise mondiale : la solution est d’investir en notre jeunesse à travers l’éducation, de la responsabilisé et de redonner confiance aux compétences présentes et ceux qui ont choisi de quitter le pays et de ne pas s’enfermer et se complexer dans les problèmes linguistiques ou culturels ou religieux ou identitaires créer par des incompétents qui ont trouvé le moyens d’éliminer et de diviser ceux qui les déranger et qui ont conduit le pays à l’impasse. Nous avons aujourd’hui besoin de tout le monde et nous avons plus de 70% de la population qui a moins de 45 ans ce que n’ont pas les pays développé. Là est notre grande richesse que les politiques ignorent
Les multinationales ont réussi aujourd’hui grâce aux programmes politiques proposés par l’UNESCO à obliger notre pays à leur faire appel pour importer ces ouvriers qui ne sont plus formés en Algérie. Les grands programmes dont le pays a besoin et qui coutent des milliards de dollars ne peuvent s’exécuter sans ces multinationales qui ont aujourd’hui une mainmise totale sur tous les marchés même celui de l’éducation.
Peut-on aujourd’hui sauver l’éducation en Algérie surtout en cette période de crise et d’obligation de diminution des moyens aussi bien ^pédagogique, techniques que sociales.
Il est aujourd’hui venu le temps et il me parait évident qu’il faut dissoudre et refonder le ministère de l’Éducation nationale. Le ministère de l’Education a en effet largement prouvé son incapacité à donner à tous les élèves l’envie de comprendre et d’apprendre, à résoudre effectivement et durablement les difficultés des enfants à se réaliser comme enfants-élèves, à réduire l’échec scolaire et à engager chaque écolier dans une idée ou un projet de réussite, quelles que soient ses particularités.  En continuant sa fuite en avant et en persistant dans les mêmes erreurs technocratiques, idéologiques et/ou politiques, parfois stupides, le ministère de l’Éducation nationale est devenu un dictateur froid qui ignore les souffrances des êtres humains dont le devenir et l’avenir sont sous sa responsabilité et applique à la lettre un programme qui a échoué mondialement et dont les conséquences ont affecté toute la société avec une grande déperdition jamais atteinte, ainsi qu’une violence sans limite, une corruption sans aucune hésitation, une grande marchandisation de la drogue aussi bien à l’école qu’à l’extérieur et tout cela est le produit de la politique de notre Ministère de l’Education en général. L’impunité et le non-respect sont nés dans l’école pour se propager dans toute la société aussi bien vis-à-vis de l’enseignant, que du juge, que du policier, que du politique, que des parlementaires, que des ministres ou du président de la République lui-même. Le règlement et la loi sont bafoués à l’école pour continuer à ne plus faire peur à la société. Tout le monde insulte tout le monde même devant les écrans de télévision, tout le monde vole tout le monde et cela en toute impunité mais qui est responsable de cette situation. L’école a formé et forme des personnes qui ne savent ni écrire ni lire, ne connaissent aucune langue et qui n’ont qu’un seul but s’enrichir le plus vite possible quel que soient les moyens (corruptions, détournements, falsifications, spéculations, ventes de drogues). Cet état est dû à un déséquilibre psychique développé dans l’école victime de la mondialisation et du souhait des multinationales pour abrutir les peuples pour mieux les contrôler. Ce qui se passe dans notre pays est une preuve que ces derniers ont atteint leur but il suffit de voir les guignols de la politique qui font le bonheur de certains partis ainsi que notre dépendance qui au lieu de s’amenuiser a augmenté et atteint tous les domaines même celui de l’homme donc c’est un nouveau mode scientifique de colonialisme.
Pour reconquérir notre liberté, nous devons investir en l’homme et à travers cela l’éducation.
Oui, aujourd’hui l’école regroupe des enfants-élèves de tous âges avec des handicaps, « troubles du comportement », anomalies apparentes…, mais aussi les facteurs familiaux, ainsi que les facteurs sociaux et les facteurs culturels qui sont présents dans un même environnement et qui peuvent empêcher un enfant de se réaliser comme élève. Il faut que le Ministère puisse élaborer un faisceau de mesures qui donnent aux enfants l’envie d’aller à l’école, de comprendre et d’apprendre, tout en rendant les parents heureux de confier leur(s) enfant(s) à une école du bien-être, de l’espoir et de la réussite. Mais crée aussi les conditions qui installent et confortent les enseignants dans la confiance en soi et dans autrui, ainsi que l’estime de soi, tout en reconnaissant leurs compétences. Pour que cela soit possible, il faut tout refonder.
Il est temps de penser à un Ministère de l’avenir pour l’enfance, la famille, l’accueil des enfants et l’école.
Le Ministère peut être constitué par l’implantation des directions actuelles du ministère de l’Éducation nationale pour qu’elles fonctionnent en réseaux et non plus en boucliers hermétiques, et par les secteurs ou directions chargés de la petite enfance, du handicap, de la famille et des solidarités qui prendront en charges tous les cas. Il serait conseillé et assisté par un conseil d’experts et de « sages » qui sachent identifier les principaux freins, obstacles ou contraintes politiques ou économiques pouvant empêcher un enfant de se réaliser à la fois dans ses dimensions d’enfant et ses dimensions d’élève, tout en dépassant les égoïsmes, les pressions lobbyistes, les intérêts claniques ou corporatistes. Le Ministère doit être reconnu comme un rouage essentiel de la nation car les valeurs sont restées dans les discours, dans les préfaces des instructions et programmes, mais pas du tout dans la vie quotidienne de l’Ecole, dans les cours ou séquences de plus en plus fortement consacrés aux contenus disciplinaires. Il serait donc salutaire que l’Ecole prenne fondamentalement en compte, les finalités et les valeurs d’une nouvelle société en construction. Il faut donc être exigeant sur les finalités, former quel homme pour quelle société? Ne jamais les perdre de vue quelle que soit la discipline scolaire et donner beaucoup plus de liberté réelle aux enseignants et aux établissements. La liberté pédagogique ne saurait être assimilée au charisme, à l’autorité naturelle, aux trucs et aux recettes… C’est sur le modèle scolaire que l’ensemble des sociétés s’appuie. Chacune réagit selon ses particularités, son histoire, ses institutions et les modèles qu’elle a créé (culturel, économique, politique).
Notre société est très jeune mais aussi diversifiée. Nos futures compétences ne sont pas uniquement nées dans les grandes villes. Ils peuvent se trouver au SUD parmi les tribus sédentaires qui se déplacent avec leurs enfants, nous les trouvons dans les montagnes ou dans les lieux isolés et peuvent se trouver parmi des enfants perturbateurs ou ayant des problèmes familiaux sociaux ou des handicapés. Donc ces cas doivent être pris en charge psychiquement dans des établissements spéciaux capables de comprendre ces situations et ne pas les ignorer pour en faire des victimes de la sociétés ou des grands délinquants alors qu’ils peuvent être de brillants cadres de demain.
Nous devons revenir au système d’internat qui prendra en charge les démunis, les cas sociaux et tous ceux qui habitent très loin des établissements scolaires et surtout ceux du SUD.
Revenir à l’enseignement technique est une autre priorité pour arrêter certaines dépendances de l’étranger et utiliser tout le matériel technique qui est en train de rouiller sans être utilisé.
Revenir à la formation d’enseignants spécialisés dans la profession à travers des écoles d’ENS dans les 48 wilayas en fonctions des besoins de chaque wilaya.
Permettre aux contractuels présents dans le secteur de faire une année de formation dans ces écoles pour être intégrés automatiquement.
Revoir le système éducatif actuel en entier en fonction de nos moyens et de nos besoins pour former l’homme algérien de demain qui doit apprendre qu’il a des devoirs et des droits qu’il doit respecter. Seuls des algériens du terrain peuvent refonder leur propre système éducatif en fonction de leur besoin en premier lieu et celui du monde en second lieu.
Nous avons tous notre part de responsabilité sur la situation de notre pays et nous sommes tous concernés car si on se tait ou on ne fait rien l’Algérie partira à la dérive oublions nos différents, notre fierté, nos politiques, nos croyances et sauvons ensemble l’éducation en investissant en l’homme pour que demain soit meilleur.
*HAKEM BACHIR PROFESSEUR DE MATHEMATIQUES AU LYCEE LOTFI D’ORAN