Recentrer le débat dans le secteur de l’éducation‏

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Recentrer le débat dans le secteur de l’éducation

Dans le secteur de l’éducation nationale, c’est le temps triomphant des faux consensus. En faisant de la charte d’éthique et de déontologie, un élément essentiel de sa stratégie destinée à engager le processus pour une école de qualité et sa stabilisation dans la durée ;  Mme Benghabrit , la ministre de l’éducation nationale est plus dans une opération de communication bien relayée par les médias que dans les préoccupations profondes et concrètes des acteurs au quotidien du système éducatif. Cette déclamation de la charte n’est qu’une une fuite en avant face aux  vrais problèmes que vit le secteur et plonge tout le monde dans un faux débat consciemment planifié.

l’état de délabrement dans laquelle se trouve la majorité des infrastructures scolaires, le manque d’encadrement, la violence dans le milieu scolaire, la surcharge des classes, les retards dans la réception des nouvelles infrastructures scolaires, le retard dans le versement des salaires et l’incompétence des responsables au niveau central et local sont à l’origine de  plus de 1000 mouvements de protestations qu’a connu le secteur depuis la rentrée scolaire 2015 et certainement d’autres vont venir.

-le danger intérieur et extérieur, la politique d’austérité, la souveraineté de l’état, la mondialisation et l’intérêt de l’élève sont les seules réponses données par la tutelle aux revendications précises soulevées par les syndicats (pouvoir d’achat, statut et retraite). Les réponses de Mme Benghabrit, c’est aussi les retenues sur salaires, l’affirmation que les grèves sont illégales et les menaces de radiations devenus les maitres mots d’une gestion autoritariste des mouvements de protestations dans le secteur de l’éducation.

Tout le monde est conscient que l’école va mal. L’enjeu n’est pas seulement celui d’un secteur mais celui de toute une société. De ce point de vue,  la mobilisation de tous pour aboutir à une école publique de qualité, stable et permettant l’épanouissement de nos élèves est plus que nécessaire à la seule condition que cet enjeu soit libéré de tout calcul politicien et que chacun selon ses responsabilités apporte sa contribution. On a besoin d’une feuille de route qui définit les engagements de chaque acteur du secteur éducatif et non d’une charte d’éthique et de déontologie. On a besoin d’une visibilité en rapport avec un projet éducatif  fondé sur les principes d’un savoir pour tous, sur des valeurs d’humanisme et de progrès et sur une gestion transparente et démocratique de l’école.

Pourquoi nous disons non à une charte d’éthique ?

Dans la forme, une charte d’éthique est plus destinée à ceux qui exercent une fonction libérale telle que les avocats, les médecins, les notaires, les médecins……….et ceci en l’absence d’une tutelle spécifique et d’un statut particulier, contrairement aux fonctionnaires qui sont régis par le statut général de la fonction publique, un statut particulier de chaque secteur et un règlement intérieur au niveau de chaque établissement.

La seule charte du fonctionnaire de l’éducation, c’est le règlement intérieur de la fonction publique et le droit du travail des salariés. On n’a pas besoin d’une charte plus politique que professionnelle.                                                                                                                                    Oui, nous avons besoin d’une vraie charte éducative qui transcrit le projet d’école que nous voulons après un débat démocratique dans le secteur et au sein de la société.

Dans le fond, la charte d’éthique est destinée à l’opinion publique pour faire assumer la responsabilité de l’instabilité de l’école aux syndicats. Il s’agit de les culpabiliser aux yeux de l’opinion publique et des parents d’élèves, de les empêcher d’user de leurs droits démocratiques d’expression pour que l’année scolaire se fassent sans heurts. La condition détériorée de l’enseignant, la surcharge des salles, la pédagogie qui fait des élèves des sujets passifs etc. Tout cela n’est pas essentiel.  L’essentiel est ailleurs, c’est créer les conditions favorables pour faire passer leurs projets de réforme de l’école où les standards de la libéralisation continuent à normaliser l’école publique. En s’appuyant sur une peur réelle mais bien amplifiée des parents face à la violence interne et autour de l’école, on projette     d’introduire une gestion plus sécuritaire de l’école avec l’introduction des caméras de surveillance et des sociétés de gardiennage au lieu de recruter plus un encadrement bien adapté aux exigences des établissements scolaires . On privilégie la réglementation des cours payants au lieu de se recentrer sur les conditions de travail à l’intérieur des écoles.

       Les dirigeants du système éducatif ne disent pas ce qu’ils font et ils ne font pas ce qu’ils disent.

– dans le principe une charte d’éthique est destinée au fonctionnaire et non aux organisations syndicales qui sont par définition en opposition avec l’employeur vu les intérêts contradictoires qui les lient même quant l’objectif est le même. Le partenariat n’est pas fondé sur la dilution des rôles mais sur le respect des identités de chacun et les syndicats doivent préserver la leur.

Oui pour une feuille de route négociée

L’objectif de la stabilité de l’école et l’aboutissement à une école publique et de qualité ouverte pour tous et donnant l’égalité des chances de réussite pour tous les enfants algériens et où l’élève devient le centre d’intérêt pour tous et non un enjeu de circonstances reste l’une des revendications principales de notre syndicat mais qui ne peut être atteint que par l’élaboration d’une feuille de route négociée et qui prend en charge :

    + Les conditions pédagogiques

+ Les conditions sociales et professionnelles

+Les conditions d’encadrement et de formation

Ceci en prenant à témoin l’opinion publique sur l’engagement des uns et des autres en fonction de leurs responsabilités en tant qu’institution ou organisation.

Le CLA réitère sa position de refus de signature de la charte et appelle  à un vrai débat sur la mise en place de vraies solutions pour une sortie durable de la crise que vit le secteur. Le temps est à l’écoute de la part des pouvoirs publics et non à l’instrumentalisations.

Au CLA, on  dit, on écrit et on fait ce qu’en pense.