Déclaration CLA: La réalité sur le mouvement de protestation des contractuels et les vrais besoins de l’éducation des postes budgétaires en 2016-2017.

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Déclaration
La réalité sur le mouvement de protestation des contractuels et les vrais besoins de l’éducation des postes budgétaires en 2016-2017.

Le secteur de l’Éducation nationale connait encore une fois des troubles engendrés par le mouvement de contestation déclenché par les enseignants contractuels et vacataires. L’entêtement et la détermination de ces travailleurs de l’Éducation lésés, à aller jusqu’au bout de leur revendication, remet en scelle les enjeux occultés par le Ministère de l’Éducation nationale qui sont : La précarisation et la dévalorisation du métier d’enseignant.
Le grand mouvement de contestation conduit par les enseignants contractuels et vacataires depuis plus de quatre semaines, affiche une volonté de fer pour arracher leur droit légitime qui est l’intégration sur leur poste de travail ou la régularisation de leur situation, en transférant leurs postes de contractuels en postes permanents. Et ce qui a donné un souffle à leur mouvement c’est le soutien de certains syndicats de l’Éducation (SNTE. CNAPEST.SNAPAP.CLA), quelques associations des parents d’élèves, des organisations de la société civile, des parlementaires et des partis politiques.
Cette grande mobilisation de différents actants sociaux influents, aux côtés des contractuels et vacataires, a provoqué la colère et le désarroi de la Tutelle qui a riposté par un refus catégorique de leur revendication. Elle justifie son acte par la réglementation en vigueur qui régit les recrutements dans la Fonction publique. Cette position est soutenue aussi par le Gouvernement, certains syndicats et quelques associations des parents d’élèves hostiles à la revendication des contractuels. L’entêtement des deux parties en conflit et la logique de défi, dans laquelle elles se sont retrouvées, ajouter à cela, l’échec du dialogue aggravé par le refus de Madame Le Ministre à recourir à la médiation pour aboutir à une solution honorable, a plongé encore plus profondément le secteur de l’Éducation dans une crise qui portera préjudice aux élèves. Ces derniers ont exprimé leur solidarité avec leurs enseignants à Boudouaou, et espèrent les retrouver bientôt.
Face à cette situation d’impasse tendue entre la Tutelle et les contractuels, les deux adversaires doivent assumer leur responsabilité. En ce qui nous concerne, nous tirons la sonnette d’alarme à l’attention de l’opinion publique et les Décideurs dans le secteur de l’Éducation, à ne pas « tourner le dos » aux contractuels et ne pas laisser l’imprévisible se produire.
Examinons maintenant les arguments des deux parties en conflit.
A/ En ce qui concerne Madame Le Ministre de l’Éducation.
Elle présente trois arguments inacceptables pour justifier son point de vue.
1/ La réglementation en vigueur interdit le recrutement direct sur poste.
C’est faux ! Car les lois régissant les recrutements dans la Fonction publique, prévoit les trois formules suivantes : Le recrutement sur concours, le recrutement sur titre et le recrutement par voie d’examen externe ou interne. Ces deux dernières formules auraient permis la régularisation de tous les enseignants contractuels. Mais pourquoi Madame La Ministre n’a-t-elle pas opté pour le recrutement par voie d’examen interne ?
2/ Le principe de l’égalité des chances pour tous les Algériens.
C’est une proposition idéale ! Qui de nous s’opposerait à cet avantage ? Personne évidemment ! Mais il est intéressant de rappeler cette réalité amère vécue par les citoyens algériens et qui consiste à leur permettre à tous de passer le concours mais qu’une grande partie d’entre eux ne bénéficieront jamais d’un poste de travail. Cette injustice sociale qui se fait de plus en plus ressentir, a déclenché une vague de colère parmi les enseignants, en particulier, lorsque Madame Le Ministre promet aux contractuels de les favoriser lors du concours. Une drôle de justice !
3/ La peur déclarée de l’élargissement du mouvement de protestation.
La Tutelle appréhende l’élargissement du mouvement de protestation vers les autres secteurs contractuels, pré-emploi et les inscrits aux concours. C’est là une preuve tangible de l’échec de la politique de l’emploi d’un côté. Et de l’autre, la volonté des pouvoirs publics de maintenir la logique de précarisation des embauchés par la loi, au détriment du droit et de la justice sociale.
B/ L’argumentaire du Comité National des Enseignants Contractuels et Vacataires.
Les enseignants contractuels et vacataires vivent une grande injustice et « hogra » depuis plusieurs années, et leur souhait c’est de voir leur situation se régulariser par la permanisation sur leur poste de travail. Malheureusement, cet espoir est régulièrement brisé par les passes droits qui entachent le concours de recrutement dans le secteur de l’Éducation nationale. Pour faire face aux injustices de la Tutelle, les enseignants contractuels et vacataires se sont soulevés à maintes reprises mais sans résultat escompté.
C’est pour cette raison qu’ils ont décidé de frapper fort cette fois-ci, en organisant une protestation radicale et pacifique, afin de faire entendre leur voix et faire valoir leur droit.
Un combat digne a été mené par des enseignants conscients et responsables de leurs actes malgré la répression policière. Ils ont fait preuve de maturité et de patience toutes ces semaines et ont bravé toutes les entraves pour faire aboutir leur revendication légitime.
1/ Leur argumentaire comporte un ensemble d’arguments suivants :
a/ La valorisation des années d’expérience dans le métier où ils se sont investis corps et âme.
b/ La stabilité de l’école garantit aussi la stabilité de l’enseignant.
c/ Le concours de recrutement n’est plus fiable et sa crédibilité est compromise.
d/ Les contractuels revendiquent la reconnaissance de leur sacrifice durant plusieurs années au service de l’école algérienne. Alors qu’ils ne bénéficiaient pas des mêmes avantages que l’ensemble des enseignants du Secteur de l’Éducation nationale.
C/ Concernant la surpolitisation du mouvement des contractuels et des vacataires.
Conscients que les problèmes politiques sont l’apanage de tout un chacun, il est donc impératif d’arrêter cette attitude de suspicion, envers les mouvements de protestation par l’usage de la langue de bois, qui parle d’une récupération mal saine du mouvement et de sa déviation vers des objectifs inavoués. Les pouvoirs publics doivent appliquer la réglementation qui gère les conflits de travail, à savoir la négociation, la médiation et l’arbitrage au lieu de recourir à la répression ou à la manipulation.
Le mouvement des enseignants contractuels et vacataires est autonome, et revendique un droit qui est l’intégration dans le secteur de l’Éducation nationale d’une façon juste et légale. C’est un mouvement qui a échappé à la manipulation partisane car il a été soutenu par toutes les organisations qui reconnaissaient la légitimité de leur revendication, qui prônaient la justice sociale et s’opposaient à la précarité de l’emploi.
D/ La position du CLA EST CLAIRE
Le CLA adopte la revendication des enseignants contractuels et vacataires et adhère à toutes ses actions. De ce fait, il demande à tous ses adhérents de rester mobilisés et solidaires avec leurs collègues. Le CLA, pour sa part, décline toute responsabilité de toutes les perturbations que connaitra le secteur de l’Éducation nationale, devant le Gouvernement et la Présidence de la République.
Le CLA déclare qu’il ne participera pas à l’organisation du concours de recrutement qui se déroulera le 30/04/2016, dans le cas où aucune solution n’est envisagée entre la Tutelle et les contractuels pour régler définitivement ce conflit.
Le CLA maintient sa position quant à mener d’autres actions concertées avec les syndicats solidaires avec la revendication des enseignants contractuels et vacataires.
NB.
Le secteur de l’Éducation nationale nécessite 50.000 postes budgétaires pour une rentrée scolaire sans manque d’enseignants. Il y a 25.115 enseignants contractuels sur des postes vacants, 11.136 sur des postes de remplacements et 28.O75 postes budgétaires pour le concours de recrutement. Un calcul arithmétique nous permet de dire, que nous pouvons intégrer tous les contractuels et passer l’examen de recrutement, en donnant l’avantage aux enseignants remplaçants ayant exercé plus d’une année.
Alger le 25 avril 2016