La Fédération de l’Education Nationale FNE-Maroc le 19 août 2019

Objet: La loi-cadre 51-17 de l’éducation et de la formation au Maroc

Monsieur le Chef du Gouvernement,

La Fédération Nationale de l’Enseignement FNE-Maroc (l’un des syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation nationale et du secteur l’enseignement supérieur au Maroc, membre de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) et de la Fédération Internationale des Syndicats de l’Enseignement (FISE)), nous a informé que vous avez passé le projet de la loi-cadre 51-17 de l’éducation et de la formation, au Parlement, qui l’a ratifié par ses deux chambres durant les vacances d’été (les 22 juillet et 2 août 2019);

La Fédération Internationale des Syndicats de l’Enseignement (FISE) (membre de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) représentant plus de 97 millions travailleuses et travailleurs de l’enseignement dans le monde) a suivi le processus d’élaboration de cette loi-cadre 51-17, de l’éducation et de la formation au Maroc, qui authentifie la vision stratégique 2015-2030.

Cette loi-cadre met en cause le droit des enfants marocains à un enseignement public, gratuit, unifié et de qualité, du préscolaire au supérieur (privatisation; financement; partenariat; langues; programmes, etc.), et ce, en ouvrant encore le secteur de l’enseignement aux capitaux étrangers et locaux pour investir dans ce secteur vital.

Ces privatisations de l’enseignement remettent en question les principes de l’équité, de la justice et de l’unité puisqu’elles ne visent que la rentabilité financière, la recherche des profits conformément à la logique capitaliste dominante au niveau mondial. Cet acharnement du capital conduit, sans doute, à la restructuration des fonctions de l’enseignement et à la dégradation de son rôle social et économique.

A cette occasion, nous tenons à vous exprimer notre grande inquiétude à l’égard de la grande vitesse du processus de la privatisation de l’enseignement au Maroc, du préscolaire au supérieur, surtout depuis l’an 2000, au nom des «partenariats public privé ppp».

De surplus, cette loi-cadre détruira ce qui reste de la gratuité de l’enseignement au Maroc au nom des «partenariats avec la société civile et les familles…», ayant pour motif    «la diversification des sources de financement de l’éducation»;

Par ailleurs, nous vous rappelons que cette loi cadre n’a pas apporté de solutions aux vrais problèmes et les situations précaires et déplorables du travail indécent des travailleurs de l’enseignement privé et public tels que les éducateurs du préscolaire et les conditions des travailleurs des services de gardiennage et du nettoyage. A noter aussi la situation catastrophique des enseignants «employés»/ «contractuels» et les conditions dans lesquelles ils exercent leur fonction (au nombre de 70000: promotions 2016, 2017, 2018, 2019) sans oublier, bien sûr, la situation des différentes catégories des travailleurs de l’enseignement.

Dans l’attente de votre interaction, acceptez, Monsieur le Chef du Gouvernement du Maroc, nos sentiments les plus profonds.

Le Secrétariat international

WFTU-FISE